Table de conversation.

 Table de conversation. Bois, écrans plats, deux montages textuels, 136x90x75.


Deux montages vidéo avec des phrases qui se répondent l'une à l'autre comme une sorte de discussion.  Ces phrases sont celles de tous. Une invitation à s'asseoir, à partager.
Voir l'art comme un état de rencontre, avec des notions interactives, conviviales et relationnelles. Quelque chose qui fait tenir ensemble des moments de subjectivité liés à des expériences singulières.
Etre capable par le biais d'une installation de créer une collectivité instantanée de regardeurs-participants. Produire de l'empathie, générer du lien et de l'émotion.
Placer le spectateur aux carrefour de plusieurs noeux subjectifs, de la fascination perceptive procurée par la lecture, au ravissement provoqué par le contenu narratif, agrémenté de parasites perceptifs qui surviennent dans l'environnement, du monde de fantasmes que suscite la lecture.
C'est aussi par le biais de l'art compenser un relationnel qui tend à disparaître dans une société de consommation aux rapports de plus en plus standardisés. Comme si la pratique artistique restait un espace en partie préservé de l'uniformisation des comportements. Voir ce type de réalisations comme des utopies de proximité, des micro-territoires relationnels fichés dans l'épaisseur du « socius » contemporain. Car l'art ne transcende pas les préoccupations quotidiennes, il nous confronte à la réalité à travers la singularité d'un rapport au monde, à travers une fiction.
Bien sûr l'installation va fonctionner dans un moment (espace-temps) donné, dans un contexte. Elle prend en compte l'espace dans lequel elle se donne à voir. Activer une relation directe, un échange physique, une réciprocité immédiate, s'investir dans une action commune envisageant le spectateur comme un citoyen et un être « politique ». Ce type d'oeuvre révoque le principe de passivité et invite à vivre ici et maintenant, il n'offre pas des objets à regarder mais des situations avec lesquelles composer. Son achèvement plastique suppose que le spectateur y mette la dernière touche.
"Etre artiste aujourd'hui c'est parler aux autres et les écouter en même temps. Ne pas créer seul mais collectivement." Jan Swindzinski
C'est-à-dire créer, susciter de l' être ensemble.
Tout ceci suppose l'adhésion du public, tout au moins un retour de sa part qu'il soit consentant, réfractaire, amical ou inamical.
Tout en restant un artiste civil, respectueux, sans envisager un seul instant d'instrumentaliser l'autre, le laisser composer. Simplement pour l'artiste, orchestrer une prestation singulière et grâce à sa capacité à dominer une situation réelle et à son potentiel à s'emparer de la réalité, la décliner sur un autre mode, le mode artistique.

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