Symétrie sonore


Symétrie sonore, mai 2011, Lieu d'Art et d'Action Contemporaine, Dunkerque.


Symétrie sonore
lu par Élodie Merland

À celui qui erre au hasard en croyant faire quelque chose.

À la route idéale pour marcher tout en conversant.

À celui qui sort du bain, sandales aux pieds, ce qui n’est pas dans ses habitudes.

Au moins vaillant qui vient au festin du plus valeureux.

À ceux qui jusqu’à aujourd’hui n’ont encore osés chanter l’Amour comme il le mérite.

Aux Amours qui ne sont pas beaux ni dignes d’éloge.

Aux symétries sonores.

À celui qui se gratte le nez et éternue.

Aux plantes qui poussent sur la terre.

À la gymnastique et à l’agriculture.

Aux choses qui prêtent à rire.

Aux genres humains qui étaient au nombre de trois, alors que maintenant ils ne sont plus que deux, le masculin et le féminin.

Aux acrobates qui font la roue puis ramènent leurs jambes en position verticale.

À ceux qui ont entrepris d’escalader le ciel avec l’intention de lutter contre les dieux.

À ceux qui s’embrassent et s’enlacent les uns les autres, cherchant à fusionner, et qui meurent de faim ou d’inaction parce qu’ils ne veulent rien faire l’un sans l’autre.

À ceux fendus le long de la ligne du nez, semblables à des moitiés de jetons.

À celle dont les pieds sont délicats, car elle ne touche pas le sol et qui marche sur les têtes des hommes.

Au calme sur la mer. 

Au Luxe, à la Délicatesse, à la Volupté, aux Grâces, à la Passion, au Désir.

À celui qui désire ce qui lui manque et qui ne désire pas ce qui ne lui manque pas.

À l’amour du laid.

À celui qui cesse de blasphémer.

D’après Platon, Le banquet, Hatier, Paris, 2001.



Symétrie sonore
lu par Lise Aymard

Au petit homme qui allait toujours à pieds nus.

À celui qui s’énerve toujours contre lui-même et contre les autres.

Aux gens de bien qui n’ont pas besoin d’être invités pour aller dîner chez des gens de bien.

À l’eau qui s’écoule, par l’intermédiaire d’un fil de laine, de la coupe la plus pleine dans la plus vide.

Au fantôme de la femme pour laquelle il était venu.

À ceux qui ne tombent pas dans la flatterie.À celui qui fut pris d’un hoquet et empêché de parler.

Aux corps de tous les animaux.

Au froid et au chaud, à l’amer et au doux, au sec et à l’humide.

À la musique, science des mouvements amoureux.

Aux choses ridicules.

À l’être humain qui avait la forme générale d’une sphère, avec un dos courbe et des flancs bombés, quatre mains et autant de jambes.

Au mâle, fils du soleil. À la femelle, fille de la terre. À celui qui participait des deux autres, fils de la lune.

Aux hommes divisés en deux, comme on coupe les fruits pour les conserver, ou comme on coupe les œufs avec un cheveu.

À ceux qui pour engendrer ou enfanter se tournent non pas les uns vers les autres, mais vers la terre comme les cigales.

À celui qui est jeune et qui en plus d’être jeune, est délicat.

Au tir à l’arc, à la médecine, à la divination.

Au silence des vents qui se couchent, au sommeil du souci.

À celui qui ne sait pas quoi dire.

À l’amour du beau.

À celle qui a repoussé la peste pendant dix ans.

À celle qui se met à rire.

D’après Platon, Le banquet, Hatier, Paris, 2001.




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