"Faire 100 pas", High line New York

"Faire 100 pas"
High line, New York,
série de photographies 62x46mm.


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Munie d'un podomètre, j'arpente les rues et prends une photographie tout les cent pas. Pile. Je voulais faire de la marche une discipline artistique permettant de mettre en valeur et de relever les détails d'un déplacement dans le milieu urbain et sur un parcours aléatoire. 
Je me suis penchée sur la notion d'errance, de marcher sans but précis, de cheminement, de suivre un chemin à pas lents et réguliers, marcher, aller. Ainsi que sur le verbe sillonner, parcourir un lieu, le traverser en tous sens.
Lors de cette marche on passe devant des choses intéressantes mais la centaine de pas n'est pas encore atteinte, et on se retrouve parfois déconcertés au moment de prendre la photographie.
Rien de plaisant, dans un premier temps.

On s'efforce à observer d'autant plus et on saisit alors la beauté d'une peinture qui s'écaille, la complexité d'un enchevêtrement de scotch de chantier, le jeu de réverbération de la lumière dans un phare de voiture. On perçoit le contraste et en même temps la cohabitation de la nature et du bitume.
Notre regard glisse sur ces aspérités que l'oxydation a créée. Sur les surfaces autrefois lisses et impeccables qui sont désormais matières et couleurs.
Ces choses-là sont celles qui activent la perspicacité, qui aiguisent et nourrissent le regard.

Roland Barthes dans La chambre Claire, note sur la photographie aux éditions Gallimard, 1980 parle d'un défilé de puctum (point d'attention), d'une constellation de menus objets ou de figures à l'impact aigu, d'un monde de détails qui s'offre au rêveur.
Cet impact du détail, la position centrale qu'il tient sur la photographie lui enlève toute notion de perspective.

Les photographies sont effectuées à l'aide de mon téléphone portable, outil du quotidien et surtout outil nomade par excellence que l'on possède toujours sur soi. Les dimensions du format d'impression des photographies sont celles de l'écran du téléphone.

Que l'on se laisse la liberté du territoire de la ville ou que l'on se limite à un lieu cette succession de prises photographiques c'est le rythme même de l'oeuvre . Le fait de mettre en place un protocole et un dispositif (définir le cadre, les cent pas, l'utilisation du podomètre et du téléphone portable) encourage le développement d'une succession, d'une addition d'événements qui produisent quelque chose comme la mise en forme d'un mouvement, d'un rythme, d'un tempo, d'une allure.
Il s'agit ici de récolter les fragments d'une promenade, les éléments d'une mémoire visuelle. Les photographies sont ensuite données.
Etant donné leur petit format ces photos sont un peu comme une relation de poche avec un moment, un lieu. C'est le partage d'un instant précieux.
Se mêle à cette idée de don celle de diffusion, d'aissemage car chacun s'en va avec ce bout de parcours.





"Faire 100 pas"
Rosendaël,
série de photographies 62x46mm.


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